Sauveteurs Plongeurs Héliportées





Photos transmises par "Nono"





Immersion chez les "Ploufs" (source: Air Actualité)

Des aviateurs palmés ? Des « ploufs » ? L’armée de l’air compte une cinquantaine de sauveteurs-plongeurs, regroupés en trois escadrons, dont celui de Solenzara en Corse. Ils assurent de très nombreuses missions, parmi lesquelles figure la récupération des pilotes éjectés. Air Actualités vous propose de rencontrer deux sauveteurs-plongeurs passionnés et motivés par un seul et même objectif : porter assistance.

Palmes aux pieds, combinaison en néoprène et bouteilles d’oxygène sur le dos, l’adjudant Philippe Charpentier et le sergent-chef Franck Mignon sont parés. En cette matinée ensoleillée, les deux sauveteurs-plongeurs s’entraînent dans un cadre majestueux. L’escadron d’hélicoptères auquel ils appartiennent, le 6/67 « Solenzara », fait face à la mer et tourne le dos à une chaîne montagneuse imposante. «Cette diversité de paysages offre des possibilités d’exercices très variées», souligne immédiatement l’adjudant Charpentier car l’entraînement fait partie du quotidien de ces deux « costauds ». «Effectuer un sauvetage requiert une condition physique optimale», ajoute le sergent-chef Mignon.

La principale mission des « ploufs » (sauveteurs-plongeurs) réside dans la recherche et le sauvetage des équipages d’avions de combat en cas d’éjection. Une opération durant laquelle la réactivité prime. «Lors des campagnes de tir à Solenzara, nos deux hélicoptères Puma disposent de seulement quinze minutes pour décoller. Le reste du temps, nous sommes en alerte à une heure», détaille le sergent-chef.

Ces missions, dites S.A.R. («Search and Rescue»), s’effectuent en mer (Samar) ou sur terre (Sater), de jour comme de nuit. Suspendu à un treuil ou « droppé » depuis l’hélicoptère, le « plouf » dispose de quelques minutes à peine pour localiser la victime et lui porter assistance. «Être suspendu à un fil de cinq millimètres à plus de 2 000 mètres d’altitude ou plonger dans une mer démontée provoque des sensations fortes», confie le sergent-chef Mignon. «Il faut avoir le goût du risque pour exercer ce métier». Un risque toutefois calculé et qui s’intègre dans des procédures bien rodées.

Une fois la victime localisée, le sauveteur-plongeur peut, en fonction de la gravité de la situation, la faire remonter au moyen d’un harnais ou d’une civière ou encore treuiller le médecin de bord depuis l’hélicoptère. Une opération complexe, pendant laquelle chacun joue un rôle précis. «Nous oeuvrons tous dans un même but : venir en aide à des personnes en détresse. Sans l’action combinée du commandant de bord, du co-pilote, du personnel médical et des mécaniciens de bord, sans oublier tous ceux restés au sol , nous ne sommes rien», explique l’adjudant Charpentier.

En dehors de ces S.A.R, l’escadron « Solenzara » est sollicité pour des missions secondaires, telles que le soutien opérationnel des forces armées ou la recherche et le sauvetage au profit de l’organisation de l’aviation civile internationale. Parallèlement, il effectue des missions de service public : secours en mer, en montagne, évacuations sanitaires (Evasan). Il participe en outre à la lutte contre les feux de forêt. «Ces missions sont très gratifiantes. Nous en retirons une réelle satisfaction personnelle. Elles nous apportent un crédit important auprès de la population civile», avoue le sergent-chef.

Au total, l’armée de l’air compte une cinquantaine de « ploufs », dont neuf sont basés à Solenzara. Une profession passionnante mais les places sont chères. «Devenir “plouf” constitue un vrai parcours du combattant», explique non sans fierté l’adjudant. Les sauveteurs- plongeurs ont la particularité de provenir de quatre spécialités : fusilier-commando (dont est issu l’adjudant Charpentier), pompier de l’air (spécialité du sergent-chef Mignon), maître de chien et moniteur de sport.

Tout commence par une sélection sur dossier au terme de laquelle seule une poignée de candidats sont invités à suivre les stages de spécialisation. Le premier se déroule dans la Marine ou la gendarmerie. Après des tests physiques de présélection, la formation de plongeur autonome s’écoule sur cinq semaines.

À l’issue, les « ploufs » sont affectés en escadrons à Istres, Cazaux ou Solenzara, où ils entrent, un peu comme les pilotes et les mécaniciens de bord navigants, en période d’instruction. «Durant cinq semaines, nous sommes parrainés par un chef sauveteur-plongeur attitré, avec qui nous effectuons tous les exercices», explique le sergent-chef Mignon. Commence alors une seconde phase de « mûrissement » de six mois minimum pendant laquelle le jeune à l’instruction accomplit toutes les missions de l’unité, accompagné d’un chef sauveteur- plongeur. Au terme de cette année, il obtient enfin la qualification de sauveteur-plongeur opérationnel (SPO). Il devient alors autonome, prend des alertes et peut mener des sauvetages. Son apprentissage n’en est pas terminé pour autant. «Parce qu’aucun sauvetage n’est semblable, la formation est permanente», précise l’adjudant Charpentier.

Entre sa troisième et sa dixième année et suite à une préparation intensive de six mois, un stage de trois semaines à l’escadron d’hélicoptères « Alpilles » d’Istres permet de devenir chef sauveteur-plongeur et d’obtenir les prérogatives de moniteur au profit des jeunes « ploufs » qui arrivent en formation. «C’est un des aspects fondamentaux de notre profession : transmettre notre savoir. Cela pousse également à un questionnement salutaire», admet l’adjudant chevronné.

La remise en cause fait ainsi partie du quotidien. L’exigence de la profession vient d’ailleurs d’être consacrée : sauveteur-plongeur est devenue une spécialité à part entière, le 26 avril 2006. Auparavant, la carrière d’un « plouf » était limitée à quinze ans de service, après quoi il était reversé dans sa spécialité d’origine. La décision du commandement de la force aérienne de projection fait aujourd’hui l’unanimité et consacre la singularité de ce métier ô combien indispensable à l’armée de l’air.