Des Aviateurs Français Parachutés en Bretagne
Des aviateurs français parachutés en Bretagne
Les parachutistes français libres du 4e Special air service (le 2° RCP français) font partie des premiers aviateurs français à participer au débarquement. Tous fidèles en tout point à la devise du SAS: «Qui ose gagne».
Les 500 hommes du 4e bataillon Special air service du colonel
Bourgoin ont pour mission de contenir les troupes allemandes postées
en Bretagne (présence estimée à 150 000 hommes),
et d'éviter ainsi qu'elles constituent un renfort en Normandie.
Cette mission comporte deux opérations, « Cooney
Parties» qui consiste à faire croire aux Allemands
à une grande opération de débarquement en
Bretagne, et «Grog» qui a pour but de soutenir et
encadrer la Résistance.
Le général Mac Leod, commandant le SAS, explique
au «French squadron» sa mission en ces termes: «Votre
rôle sera d'empêcher les unités allemandes
stationnées en Bretagne de faire mouvement pour aller renforcer
les défenses ennemies de Normandie... Dans ce but, vous
devrez principalement saboter les lignes de communication et harceler
les convois routiers et ferroviaires, dans toute la presqu'île.
Avec l'aide des forces locales de résistance que vous armerez
et encadrerez, il faudra bloquer en Bretagne les 150 000 hommes
de la Wehrmacht qui s'y trouvent. Votre réussite aura une
grande influence sur le sort du combat que nous allons livrer.»
« Samwest» et « Dingson »
Tout commence dans la nuit du 5 au 6 juin. Les premiers parachutages
ont lieu au-dessus des deux bases choisies: l'une au nord-ouest
de la Bretagne, près de Trégastel, qui prend le
nom de code de «Samwest», et l'autre dans le sud-est,
près de Malestroit, nommée «Dingson».
A 22 h, les bimoteurs Stirling décollent de la base secrète
britannique de Fairford. En tout, quatre sticks de neuf hommes
sont parachutés. Sur «Samwest», aucun problème
n'est signalé et les hommes sont opérationnels dès
l'aube du jour J. Ce n'est pas le cas sur «Dingson».
Suite à une erreur de largage, les hommes sont séparés
et tombent près d'un poste allemand d'observation. Au cours
de l'accrochage qui s'en suit, le caporal Émile Bouetard
est tué, alors qu'il vient de toucher le sol de sa Bretagne
natale. II est le premier soldat allié tué lors
du débarquement.
Les équipes de démolition commencent à uvrer
des le 7 juin, sur les voies ferrées surtout. L'axe de
la mission qui consiste à encadrer et armer la Résistance
est mis en pratique plus tôt que prévu; partout,
les FFI affluent et les volontaires arrivent. Jusqu'au 17 juin,
les opérations de sabotage sont quotidiennes, et l'ennemi
désorganisé renonce à envoyer des renforts
en Normandie. Des avions larguent à cette période
les armes nécessaires aux 4 000 hommes regroupés
sur la base de Saint Marcel au sud de la zone « Dingson
».
La base de Saint-Marcel
II est 6h 30, le 18 juin, quand deux Traction avant, avec 8
Feldgendarmen, roulent sur la départementale 321 et se
retrouvent par hasard au milieu de la base. Après une fusillade,
un Allemand réussit à s'enfuir. L'alerte est donnée.
Vers 8h, deux bataillons allemands font leur entrée dans
le village de Saint-Marcel et se lancent à l'assaut du
camp très proche. Les combats très durs vont durer
toute la journée. En fin d'après-midi, le capitaine
Puech-Samson contacte Londres, qui déroute deux chasseurs.
Les Allemands, surpris par l'appui feu, stoppent leur attaque.
Mais peu avant la nuit, l'ennemi reçoit des renforts en
matériel lourd. Aussi, dès que la nuit tombe, le
colonel Bourgoin prend la sage résolution de faire évacuer
le camp. Profitant des ténèbres et d'un violent
orage, couvert par la simulation d'une contre-attaque, tout le
camp est évacué en un peu plus de deux heures. A
l'aube, lors de l'assaut final, les Allemands comprirent qu'ils
avaient été joués. En représailles,
ils pillent, incendient les fermes et le village de Saint-Marcel
en tuant ou déportant les habitants. Le bilan de la bataille
est, en comparaison des violents combats, assez faible. De 30
a 40 FFI et paras contre plusieurs centaines du coté allemand.
Dès le 19 juin, les missions de sabotage reprennent. Les
troupes allemandes sont renforcées. Les effectifs de «Samwest»
se regroupent sur le plateau de Saint-Caradec dans le Morbihan
et y installent la base de Grock. Les volontaires continuent d'arriver
en force et les parachutages d'armes et de matériel sont
sans cesse renouvelés. Début août, le 4e SAS
reçoit, par planeur, une quinzaine de Jeeps, suivies bientôt
par 40 autres venues de Normandie. En deux mois, la base aura
récupérée plus de 2 000 containers et équipés
6 000 hommes.
L'opération «Spencer»
L'ordre est donné alors de faire mouvement le long la
Loire, pour empêcher les Allemands de traverser le fleuve
entre Gien et Nevers. Fin août, un groupe rentre à
Briare et harcèle l'ennemi dans la région jusqu'à
Sancerre. Un autre groupe obtient la reddition de la garnison
de Saint-Pierre le Moutier, le 9 septembre. Quelques jours plus
tard, 10 000 Allemands sont livrés aux Allies.
La mission du 41e SAS s'achève avec un lourd bilan: près
de la moitié des hommes y a laissé sa vie. Près
de 10 000 Allemands ont été tués ou blessés.
Le 4e Special air service et les Forces françaises de l'intérieur
ont ainsi permis aux troupes américaines de pénétrer
en Bretagne avec peu d'opposition. Les 3e et 4e SAS français,
alliés dans leur mission aux Résistants, ont été
parmi les premiers acteurs de la Libération de la France.
A la fin de la guerre, leurs hommes seront les plus décorés
de l'armée française. Le 1er août 1945, l'ensemble
des troupes aéroportées sera transféré
à l'armée de terre. Ce n'est qu'en 1956, en Algérie,
que l'armée de l'air recréera des unités
parachutistes dans l'esprit du 4e SAS.
Extrait du magazine « Air Actualités » de juin 2002